Plusieurs villes du RIVM ont développé des outils pour mieux impliquer leurs habitants à la vie publique locale. Co-construction des politiques locales, concertation, meilleure mise en œuvre des projets, rapprochement des habitants et de leur administration, renouer la confiance envers la classe politique, implication des citoyens et développement de sentiment d’appartenance à un territoire… Autant de défis sous l’appellation « participation citoyenne ». Tentons d’y voir plus clair à travers des exemples concrets développés dans les villes du RIVM.
Un outil très répandu est le budget participatif : la ville réserve une enveloppe budgétaire pour des projets proposés et choisis par les citoyens eux-mêmes. C’est le cas de Olsztyn (Pologne) qui a lancé son « Civic Budget » en 2013. Pour sa 7ème édition, le budget participatif d’Olsztyn a triplé l’enveloppe par rapport à la 1ère édition, et a recueilli 216182 votes pour choisir près de 900 projets ! Valladolid (Espagne) a également mis en place un budget participatif annuel depuis 2017, avec aussi un budget croissant. Clermont-Ferrand a lancé son 1er budget participatif en 2018, et tout comme Valladolid, les outils proposés mêlent vote en ligne et papier, outils numériques et traditionnels. Des projets aussi variés que la réalisation d’une route cyclable à Olsztyn ou un camion douche pour sans-abris à Clermont-Ferrand, en passant par des prairies fleuries dans les espaces verts à Olsztyn ont vu le jour, grâce à la concertation entre élus, techniciens et habitants. Au-delà des projets concrets financés, le budget participatif apparaît comme un outil de conduite du changement de l’administration.
D’autres villes ont décidé d’impliquer systématiquement leurs citoyens lors de l’élaboration de nouvelles mesures. Par exemple, en Allemagne, les villes de Regensburg et de Karlsruhe impliquent systématiquement le public à la prise de décision dans les décisions publiques majeures. Pour élaborer son plan climat 2030, Karlsruhe a présenté le concept aux habitants afin qu’il soit discuté, commenté et amendé par eux, à travers des groupes thématiques en ligne et en réunions publiques. De plus, 2000 contributions de citoyens ont permis d’évaluer et de prioriser les projets. Pour Regensburg, c’est le plan d’urbanisme et le schéma de développement culturel qui ont été co-conçus avec le public.
A Guarulhos (Brésil), le Conseil municipal organise tous les mois des réunions publiques avec les associations, les entreprises et les principales organisations de la ville, afin de discuter des politiques publiques. Aussi, Valladolid mène actuellement un projet de coopération européenne sur les habitudes des citoyens quant aux transports afin de rendre la ville encore plus durable. A Norman (Etats-Unis), une trentaine de commissions et bureaux permettent aux habitants de donner leur avis et leur expertise sur les questions de la cité. L’exemple le plus emblématique est le processus de planification stratégique, créée par le collectif de développement économique de Norman et plusieurs acteurs de la société civile organisée, qui a impliqué plus de 2000 citoyens (dont les résultats sont en cours de publication).
Une fois lancé son budget participatif il y a quelques années, Vitoria-Gasteiz (Espagne) a décidé d’aller plus loin en créant une école ouverte de la participation. La question étant de savoir comment capter les publics ayant le moins d’opportunités, pour qu’ils s’impliquent dans la vie locale et se sentent citoyens de leur ville, Vitoria-Gasteiz a décidé d’offrir des clés de compréhension de la vie publique, pour tous. Ateliers, formations, animations, conférences… Autant de façons de s’adresser aux différents types de publics, afin de mieux faire comprendre comment la politique fonctionne à l’échelle locale. Et pour que ça ne soit pas une démarche descendante, tous les citoyens peuvent proposer des modules, des thèmes, des façons de faire différentes. C’est pourquoi cette école est dite ouverte, car tout est modulable et… participatif ! Ouverte aux habitants comme aux techniciens des collectivités, cette école elle vient de recevoir un prix décerné par l’Association Internationale des Villes Éducatrices.
Valladolid est également sur le point d’ouvrir son école de la participation citoyenne, prévue pour 2021 !
Pour partager leur savoir-faire et expliquer leur expérience, Vitoria-Gasteiz participera aux 5èmes Rencontres Nationales des Budgets Participatifs, organisées par Clermont-Ferrand les 2 et 3 décembre 2020 en ligne. Pendant 2 jours, les collectivités françaises ayant mis en œuvre un budget participatif se retrouveront pour débattre des éléments qui contribuent à rendre leurs initiatives plus innovantes. A partir d’un même outil, les villes, les départements ou les régions mettent en place des budgets participatifs très variés (moyens financiers alloués, projets concernées, processus…). C’est pourquoi cet événement national a vocation à devenir international (New York et Cascais avaient été invitées par le passé et Vitoria-Gasteiz sera mise à l’honneur en 2020).
Lors de ces Rencontres, Clermont-Ferrand et Vitoria-Gasteiz mettront en avant leurs innovations locales en matière de gouvernance citoyenne : l’implication des habitants dans la définition de la démarche via les « messagers du budget participatif » pour Clermont-Ferrand et l’école de la participation pour Vitoria-Gasteiz. A partir de ces rencontres, un réseau des villes à budget participatif sera crée, qui intégrera des villes du RIVM.
SI vous avez raté l’événement, vous pouvez le voir en ligne !